Michael Sorne

traces n°2

L’acte de peindre

Etre dans le monde pour l’artiste-peintre Michael Sorne, c’est s’orienter d’une position nouée à un savoir insu de lui-même.

Face au monde, l’acte d’inspiration permet à l’artiste de déployer un voile qu’il dresse devant les yeux du spectateur. L’acte de peindre fait voir quelque chose qui s’inscrit, en faisant surgir la trace comme index de l’intime.

Les séries de toiles nommées

Brise Marine, Traces, La guerre, Les ailes du désir, Tant mêlés, Big Bang,

interrogent la mise en tension entre l’acte d’écrire ou de peindre et entre l’acte de montrer ou de lire.

Brise marine

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Par une pratique picturale orientée, Michael Sorne fait jaillir sa vision de l’apparition et de la disparition.

Dans cette série, l’artiste présente sa vision, par le traitement du blanc et du noir, de la lumière et de l’ombre. Là où les couleurs s’excluent de la réserve de la toile, disparition et apparition se mêlent en faisant apparaître un désir d’agripper l’irreprésentable. Dans cette dispersion de couleurs, un vide essentiel est indiqué par la disparition de ce qui la fonde, à savoir le regard même de l’artiste, élidé.

Traces

Dans cette série, l’écriture se fait trace pour l’artiste, comme faisceau de l’inséparable d’un point spécifique qui échappe à toute prise d’image.

Ici, la fonction et l’usage du mot apparaît comme l’épure de ce qui fait cause et de ce qui met aux commandes l’acte de peindre et d’écrire. Par le mot, le dit fait dire ce qui se fait lumière, en désignant la place qu’occupe pour l’artiste, le moment même où l’écriture trouve à se loger. Le dessin est lettre, non pas écrite mais dessinée, tracée. Le dessin comme lettre, dessine contourne le bord du trou dans le savoir insu de l’artiste.

La guerre

Pour Michael Sorne, l’artiste n’échappe pas au monde qui l’entoure. A cet égard l’image fait voir, elle montre en particulier comme une fenêtre ouverte sur le dehors et du dehors, en faisant surgir l’instance du regard sur la face obscure de la civilisation.

Toujours traumatique, l’expérience de la guerre marque le sujet qui y est confronté d’un réel indélébile. La dimension de rencontre avec le réel innommable dans « sa sauvagerie » pour reprendre les termes de Michael Sorne, dévoile les entours de la subjectivité de l’artiste. Dans la vie contemporaine comme le montre cette série de toiles, il est difficile d’échapper pour le peintre, aux remaniements qu’il entretient, dans son rapport à la vie et à la mort, au désir et à la jouissance.

Les ailes du désir

Le choix de faire apparaître en quelque sorte en même temps, dans un seul ensemble, la forme, la couleur, la matière, le gaufré, les effets de surface, interroge le moment où l’objet comme tableau se détache sur le fond de la toile.

La fonction du noir fait apparaître une forme, illusion du recouvrement du trou que le peintre éprouve au contact de la perte, de l’absence. De la trace apportée par le geste naît le désir de continuer, de développer, d’intensifier là où la lumière sourd du noir.

Tant mêlés

L’acte de peindre fait advenir pour Michael Sorne, des fragments, des formes, des lignes, des traits comme autant d’ombres projetées sur une contre-figure, jamais représentée parce que irreprésentable.

L’acte de peindre ici pour l’artiste construit ce qui ne peut être dit dans aucune langue, à savoir la dispersion métonymique de l’être. Les toiles de cette série, où image et mots se mêlent, où les couleurs se déploient, créent une modalité concrète d’un lieu comme topos de ce qui ne cesse pas de s’écrire pour l’artiste.

Big Bang

Michael Sorne présente cette série comme un effet de monstration du réel de la cause, comme l’essence même de l’acte d’inspiration.

La mise en pratique de la technique picturale, où l’objet apparaît dans sa matérialité, comme une tentative de cerner ce qui ne peut se dire, fait apparaître ce qui se montre. L’artiste explore – ici – le rapport d’étrangeté rendue par l’inadéquation entre le mot et l’objet, pris comme chose, interrogeant ainsi la transformation que l’objet produit par son apparition, sa disparition et la trace laissée comme une réinvention du réel.

Consultable sur le web: http://www.michael-sorne.fr/

Françoise Stark Mornington

Le lisible dans l’illisible Novembre 2014

 

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